Position générale

La science, les savoirs, la connaissance valent aussi par rapport à leur utilité sociale. Indépendamment de leur ambition de progression et d’enrichissement des savoirs déjà acquis, dans l’ordre d’une intelligibilité « pure », ils doivent aussi aider, contribuer, à une optimisation de l’action (praxéologie) toujours nécessaire ainsi qu’à l’expertise des décisions de ceux qui doivent trancher en fonction de leurs responsabilités (politiques, hiérarchiques, opérationnelles…).

Des interrogations critiques portant sur la complexité, les aléas et les incertitudes de l’action (politiques, stratégiques, tactiques…) viendront ainsi s’ajouter aux questionnements plus canoniques
intéressant les formes plus ontologiques d’établissement de la vérité. La recherche en effet, aujourd’hui, ne peut plus se contenter de l’ambition d’une forme « canonique » qu’elle affectionnait jusque là. Dès lors, chercheurs et praticiens se retrouvent, au niveau des pratiques comme au niveau des démarches de théorisation qui voudraient en rendre compte, confrontés à des épistémologies diverses, peut-être irréductibles les unes aux autres, ponctuées par autant de paradigmes.

Avec les sciences humaines et sociales conçues davantage en termes de compréhension que d’explication (au sens de la distinction établie par Dilthey à la fin du dix neuvième siècle, dans le cadre de l’école herméneutique allemande), nous découvrons des objets-sujets-projets beaucoup plus que des objets classiques. Le regard scientifique se retrouve ainsi tissé d’une intersubjectivité inéliminable qu’il va falloir travailler et retravailler jusqu’à la production d’énoncés réputés convenables. Mais, bien sûr, cela ne permet pas, pour autant de dire ou de faire n’importe quoi. L’obligation de justifier (vis-à-vis des « pairs », de la même ou d’autres disciplines, de la communauté scientifique…) ce qui est avancé et de rendre compte de la façon dont cela a été établi subsiste incontournable.

Plus ou moins explicitement, une démarche dialectique, à tout le moins dialogique, est venue s’articuler aux oppositions catégoriques (vrai/faux, science/doxa…), disjonctives, exclusives, pour les relativiser, les moduler, les qualifier de façon plus fine en termes de complexité. Il s’agit également de confronter les méthodologies des approches pluridisciplinaires existantes, les recherches qui en découlent et les productions scientifiques qui en émanent afin de faciliter la compréhension du réel ou de l’imaginaire dans leur hétérogénéité et de relativiser la subjectivité propre à chaque discipline.